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"L'affouragement en vert est-il fait pour vous ?"

"L’affouragement en vert est-il fait pour vous ?"

Découvrez les intérêts, les limites techniques et économiques de cette stratégie d’alimentation.

Valoriser l’herbe verte, apportée directement à l’auge, présente de nombreux avantage et bénéficie actuellement d’un regain d’intérêt de la part des éleveurs de chèvres. Une estimation réalisée suite au RGA de 2010 recense environ 6 % d’éleveurs de chèvres en affouragement en vert, localisés sur l’ensemble du territoire. Les principales motivations des éleveurs pour choisir ce système fourrager sont la volonté de ramener de l’herbe verte aux chèvres, tout en diminuant le coût alimentaire et en valorisant mieux la surface fourragère, qui est parfois trop éloignée ou trop contraignante pour envisager du pâturage.

  • Deux stratégies d’affouragement en vert chez les éleveurs caprins de l’Ouest

« J’affourage en vert avec une diversité de prairies, tôt dans la saison et jusqu’à la fin de l’automne »

Ces éleveurs valorisent la diversité des ressources fourragères disponibles, pour permettre un affouragement durant 7 à 8 mois de l’année. Les sols doivent être suffisamment portants pour permettre une « mise à l’herbe » en mars/avril, et poursuivent l’affouragement jusqu’à la fin de l’automne. Comme pour les systèmes pâturage, il ne faut pas hésiter à exploiter l’herbe le plus tôt possible, pour ne pas se laisser dépasser par la production importante du printemps. La diversité des prairies utilisées (trèfle violet/ray-grass hybride, luzerne, prairies multi-espèces) permet d’apporter 10-12 kg de matière fraîche d’herbe par chèvre et par jour. Ces prairies sont utilisées de façon « intensive » : 2 à 4 coupes en vert sont réalisées par an, complétées d’une fauche de régulation durant la saison. Les parcelles sont généralement proches de l’élevage (0 à 2 km). La ration est généralement complétée par du foin mais, l’apport de concentrés est minimisé à 380 kg/chèvre, soit 435 g/L de lait. Certains éleveurs parviennent à allonger la période d’affouragement en vert en irriguant leurs prairies ou en valorisant d’autres ressources fourragères que l’herbe, comme le sorgho fourrager en été ou du colza fourrager (éventuellement associé à de l’avoine) pour le début de l’hiver.

« J’affourage en vert avec des prairies de courte durée (trèfle et RGI), en complément d’ensilage de maïs »

Ce système alimentaire est basé sur la valorisation de l’ensilage de maïs, complété par du foin l’hiver et de l’affouragement en vert du printemps à l’automne. Des prairies de courte durée, productives, sont privilégiées : RGI et trèfle violet. L’affouragement dure 8 mois dans l’année, avec 8 kg d’herbe fraîche apportés par jour, complétés par 2-3 kg d’ensilage de maïs et d’un peu de foin. La poursuite de l’affouragement durant l’été est permise par des parcelles soit irriguées, soit suffisamment fraîches pour permettre la poursuite de la croissance du trèfle violet. La ration permet de minimiser les concentrés apportés : 310 kg/chèvres/an, soit 350 g/L de lait produit.

  • Quelques éléments techniques sur le pilotage de l’affouragement en vert

-Sur quelles parcelles affourager en automne ? Des espèces fourragères à repousse automnale, telles que la luzerne ou la fétuque élevée, assureront une croissance d’herbe de qualité à l’automne. Un semis de dérobées avant le 15 août, comme du colza fourrager (associé à de l’avoine) ou du RGI alternatif avec du trèfle d’Alexandrie ou de Perse, pourra également compléter l’offre fourragère.

- Comment affourager quand la portance est limitée en automne, à cause de la pluie ? Une astuce d’éleveur : utiliser un équipement avec des pneus basse pression et/ou un double essieu avec des pneus larges, permet d’aller plus facilement dans des parcelles moins portantes, notamment par temps de forte pluie.

- Quelles précautions doit-on prendre pour affourager en vert durant l’automne et l’hiver ? Une fauche la veille de la distribution peut permettre un ressuyage de l’herbe, qui sera généralement plus humide qu’au printemps. Ceci est également préconisé pour le colza fourrager.

-Comment gérer la transition alimentaire à la fin de l’affouragement en vert en automne ? La transition en fin de saison d’affouragement se fait progressivement, par la diminution d’apport de vert, liée à une baisse des rendements fourragers. Cette période correspond souvent à la fin de gestation des chèvres, période à laquelle la capacité d’ingestion de la chèvre diminue, tout comme ses besoins alimentaires… mais il faut cependant veiller à « conserver du volume à la panse » et donc faire ingérer suffisamment de fourrages.

  • Un système économiquement viable, à condition de maitriser les charges de mécanisation

L’intérêt économique de l’affouragement est fonction des économies réalisées sur les concentrés et du prix de la chaine d’affouragement utilisée pour sa mise en œuvre. Si les économies de concentrés sont en général au rendez-vous, les charges de mécanisation peuvent être élevées. Elles sont à raisonner en fonction de la dimension de l’exploitation, des volumes mis en œuvre et des distances parcourues.

  • L’affouragement en vert est-il fait pour moi ?

Trois questions principales conditionnent la possibilité technique de mettre en place de l’affouragement en vert dans un élevage de chèvres : le parcellaire proche et groupé, la portance des parcelles, et l’adaptation du bâtiment. Il est également nécessaire d’être capable d’investir dans du matériel spécifique à l’affouragement et donc d’avoir de la trésorerie disponible. Conduire une ration à base d’herbe verte affouragée nécessite une maîtrise de son système fourrager : qualité et rendement de la prairie tout au long de la saison d’affouragement. Il ne faut pas non plus hésiter à se faire accompagner par un conseiller fourrage ! Le chargement est un indicateur clef de la maîtrise de ces systèmes. Il doit être d’environ 7-8 chèvres/ha de SFP, à adapter selon la productivité en herbe et la période d’affouragement.

Intervenants : Nicole Bossis (Institut de l’Elevage), Charles Drouot (Dordogne Conseil Elevage), Leïla Le Caro (chambre d’Agriculture de Bretagne), Daniel Colin (Chambre d’Agriculture des Deux-Sèvres)

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