L’association de différentes espèces de graminées et légumineuses présente de multiples avantages pour améliorer l’autonomie fourragère et la durabilité des systèmes d’élevages.Face au changement climatique et aux variations importantes de température, elle peut contenir des espèces s’adaptant à des périodes de fortes disponibilités en eau et d’autres à la sécheresse. La capacité des légumineuses à fixer l’azote présent dans l’air permet un apport gratuit aux graminées et donc de peu ou pas compléter avec de l’azote minéral. Elle permet également de limiter l’achat d’intrants en apportant directement des protéines par le fourrage utilisé dans la ration des chèvres. Enfin, un nombre plus important d’espèces permet à ce type de prairies de mieux s’adapter à l’hétérogénéité intra-parcellaire du sol et offrir une valeur alimentaire régulière sur la saison. A l’échelle des rotations de cultures, la prairie multi-espèces bénéficie à la structure et fertilité des sols, permet de limiter le développement des adventices et des maladies et présente des atouts pour l’environnement en augmentant la biodiversité et diminuant les émissions de gaz à effet de serre. Sur le plan économique, le coût de la semence varie 170 à 250 € HT/ha, soit 43 à 63€ HT/ha an.
Un lit de semences soigné… Toutefois, réussir l’implantation de la prairie est essentiel. Il faudra veiller à semer au bon moment : au printemps ou fin-août/début septembre, dès que possible. Le lit de semences devra être bien préparé : fin et rappuyé en surface pour être favorable au semis de petites graines ; meuble et homogène en profondeur pour assurer le développement du système racinaire. Une conduite simplifiée après une céréale est ainsi conseillée, pour conserver la structure du sol en profondeur (déchaumage, outil à dents ou Covercrop puis rouleau). Les espèces prairiales se sèment à faible profondeur : 1,5 cm maximum. Un passage de rouleaux favorisera le contact sol-graine, et donc la levée. Il faut également veiller à choisir des espèces appétentes pour la chèvre et tenir compte de la compétition qu’il peut exister entre espèces et variétés au cours de périodes-clés pour la prairie. Par exemple, la luzerne et la fétuque élevée sont des espèces très appréciées par la chèvre mais, ayant une durée d’implantation lente, elles peuvent être très vite concurrencées par un trèfle violet ou un ray-grass hybride. Depuis 2010, le dispositif expérimental Patuchev de l’Inra met en place 3 mélanges prairiaux pour évaluer son intérêt pour les caprins et ceci, sous différentes formes d’exploitation (pâturage et/ou fauche) et de valorisation (vert ou foin ventilé). Les premiers résultats (journées AFPF 2014) indiquent une valeur moyenne de matières azotées totales de 16,6% et 0,74 UFL avec un rendement moyen de 10,3 tonnes de MS/ha pour l’un des mélanges et ceci sans apport d’azote minéral. En complément, deux mélanges prairiaux sont actuellement suivis dans le cadre du Réseau d’expérimentation et de développement caprin (REDCap) chez 9 éleveurs de Poitou-Charentes et des Pays-de-la-Loire. Les références (composition botanique, rendements, valeurs alimentaires) acquises sur les 45 ha implantées en 2014 et 2015, serviront aux éleveurs de base de travail pour adapter la composition de leurs propres mélanges prairiaux.
Journée technique CapVert_Atelier C Prairies multi-espèces from Institut de l’Elevage on Vimeo.
Intervenants : Bernadette Julier (Inra), Aude Brachet (Chambre d’agriculture du Maine-et-Loire) et Sébastien Bessonnet (Chambre d’agriculture de Charente-Maritime)